Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/119

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— Oui, Jean, l’évolution, il n’y a que cela ! Vivons selon notre temps, comme des êtres civilisés du XXième siècle. À bas les préjugés antiques ! Fermons l’oreille aux chansons moisies des grand’mères, ouvrons-les bien grandes à tous les airs passionnants du jour ! Tu ne faisais erreur qu’à demi : le passé agonise, l’ignorantisme se meurt, et tant mieux, pourvu que nous sachions mieux comment vivre, comment ne pas être asservis au crétinisme, à la superstition, à la…

— Morale ? fait Jean, quelque peu hypocrite. C’est que…

— Tu ne vas pas jusque-là ? Ta restriction, j’y souscris. Soyez-en bien sûre, Yvonne. Il faut de la morale, oh oui, il en faut. Je suis un… défenseur de la morale. Mais il ne faut pas confondre la morale avec ce… cet envoûtement de la conscience.

— Que vous êtes sérieux ! dit Yvonne, n’ignorant plus que Jean se moque. Soyons moins austères, voulez-vous ?

Elle a flairé, dès le premier moment, l’arrière-pensée nichée dans l’âme de Jean, elle ne peut ignorer que Lucien Desloges est la victime d’un piège habilement tendu. Elle en souffre étrangement…

— Sérieux, ma sœur ! Allons donc ! répond