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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

que Jean eut fini de parcourir triomphalement les dédales de l’examen jalonné d’obstacles, une impression obscure de vide s’était mêlée à son orgueil. Il avait eu il ne sait quel chagrin profond de ne pouvoir plus espérer ce qu’il venait d’obtenir. Conscient que toutes ces choses, les ardeurs laborieuses dont le cerveau s’illumine et les ivresses de conquérir la science, les remords des heures paresseuses et les inquiétudes à sentir les jours se précipiter vers la date obsédante, avaient été en lui de la vie qui cessait de vivre, il avait souffert de leur agonie mystérieuse…

En ce moment même où ses yeux vaguent sur les villages au loin, le jeune médecin, plus vivement que jamais, regrette les émotions envolées, s’abandonne au besoin de guider sa volonté vers d’éblouissants espoirs. Un instant, la vision de Paris le distrait. Il ira, d’hôpital en hôpital, de conférence en conférence, élargir son domaine de connaissances, affiner son flair à déjouer les maladies sournoises. La préparation du doctorat lui fut un surmenage tel qu’il doit reculer son départ à six mois. Paris et ses merveilles ne rempliront, en somme, qu’une époque vertigineuse : le problème qui le hante aujourd’hui, c’est l’orientation de toute son existence. Comment, d’un coup d’aile sûr, planer vers l’avenir ? Que ne doit-il, en la mêlée des ri-