Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/137

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aimanter l’amour, ces yeux où tant de douceur frissonne encore.

Sous l’élan de courage que Lucile rallume, la taille de la mère se redresse, paraît élevée. Trop de largeur la difforme, mais elle est admirable de vigueur, campée dans toute sa robustesse. De Germaine ainsi vêtue de percaline grisâtre il rayonne une fierté grande, parce qu’elle s’ignore.

— Ah ! que tu m’as fait du bien, ma petite fille ! Tu seras une vraie Picard, toi ! s’écrie-t-elle, vaillante.

— Tu es fatiguée, tes nerfs sont plus calmes. Va te coucher… je veillerai père…

— Tu as raison, nous allons le sauver, le pauvre vieux !

— Ne viens pas avec moi, je te le défends !

— Je veux le voir ! S’il avait déjà pris du mieux ?

— Tu as du courage, maman ?

— Celui que tu m’as donné, Lucile…

Le corridor où elles sont, n’est pas large, si peu que l’une marche devant l’autre. Un prelart fleuri de maigres dessins, rogné çà et là par l’usure, geint sous la cadence étouffée de leurs pas. Très humble est la tapisserie vieillie sur la cloison : des roses qui pâlissent dans une couronne de verdure fanée !…

La première, Lucile franchit le seuil de la