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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

te, avec un sourire d’indulgence et un chaleureux souhait de veine…

L’ambitieux ne fut pas rebuté. Quelque peu entamé par le dissolvant de la solitude, le rêve se reforma, plus compact, plus exalté. Quelque chose d’inéluctable le hantait, rapprochait de lui sans cesse la victoire. Quel travail ! Quelles heures intenses, alors que dans la boutique s’appesantissait la chaleur de l’été ou blêmissaient les froids d’hiver ! Quelles fatigues ! Quels assauts de courage ! Quelles ivresses ! En effet, le songe d’or commençait à lui verser dans la main ce qu’il avait, jusque là, fait miroiter en l’imagination seule. Plus recherché, Gaspard choisit, et comme il n’est, pour un ouvrier, d’autre façon de choisir l’ouvrage que d’en réclamer un meilleur salaire, il n’ouvrit sa porte qu’aux tâches procurant davantage : les profits accoururent, grossirent leurs rangs. Les dettes s’envolèrent comme les brouillards s’évanouissent dans l’azur…

Ainsi donc, il venait et demeurait, le succès désiré, pressenti, cherché, poursuivi, enfin saisi. Comme il l’enserrait bien, comme il était sa chose, son œuvre ! Avant d’être atteint, il lui semblait un être visible, là, tout près, mais extérieur, insaisissable : dès que si avide il l’étreignit, ils se confondirent, lui et le succès, en un même être indissoluble. Vis-à-vis de ce qui pouvait les dé-