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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— Mais pourquoi ces atermoiements, ces précautions oratoires, comme disent certains amis politiques au Club ? Vas-y carrément, en vrai fils de celui qui te parle !… As-tu peur ? C’est donc bien grave ! On devient fier, on ne daigne plus avoir confiance en moi.

— Au contraire, je me proposais de te confier quelque chose ce soir…

— Qui est à cent lieues de ce que tu me caches ?

— Oui…

— Sois franc, j’écouterai l’autre chose ensuite !

— Écoute-moi tout de suite. Il s’agit d’un projet… considérable… d’avenir. C’est venu, dans mon esprit, il y a quelques jours… Écoute-moi, je t’en prie… Je pense la chose merveilleuse, elle te flattera, elle m’enchante… Je n’essayerai pas de te faire deviner, tu y perdrais les efforts de ton imagination. Prépare-toi à une confidence étrange, peut-être, mais pas banale. Tu te réjouis que je sois médecin ? Eh ! bien, je rêve d’être plus, de te faire honneur, d’exceller. Comme toi dans les affaires, je m’élèverai dans la science. Es-tu prêt à m’entendre ?

— Tu ne te moques plus de moi, Jean ? dit le père adouci, la curiosité avivée par la solennelle émotion du fils.

Le fils, au moment de le formuler en paroles à quelqu’un, a moins de certitude en la beauté, en