VII
le rêve de fraternité…
Gaspard, que les mélancolies d’un piano n’ont jamais remué, finit par s’énerver du mutisme où Jean s’attarde.
— Eh ! bien, tu n’es pas content ? Au lieu de jubiler, tu as la mine…
— Stupide ? fait le jeune homme, absorbé par la réflexion ardente et conscient d’avoir, sans le vouloir, manqué de chaleur et de tact.
— Pas ça… Stupide, on n’emploie pas ce mot à tort et à travers. C’est un soufflet, et les soufflets, il ne faut pas en être prodigue. Mais tu avoueras que j’avais le droit de m’attendre…
— À la plus chaude reconnaissance ! cria son fils, impulsivement. Ah ! mon père ! Tout mon cœur s’en est rempli ! Comment te dire cela ?… Tu m’as causé une joie telle que le seul moyen de t’en rendre compte, c’est de le croire profondément…
— Comme tu es drôle, ce soir !… Tu es distrait comme je ne me rappelle pas t’avoir vu. Depuis quelques jours, tu paraissais inquiet. À table, on n’obtient de toi que des réponses courtes ; on dirait que tu veux te débarrasser de nous… Yvonne, pendant le dîner, s’est moquée