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Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/217

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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

Peu avant la fin des vacances, un superbe garçon, étudiant, blond, le teint duveté, héros d’amourettes incontestable, après quelques sourires d’initié, après quelques badinages murmurés joliment à travers les dents pointillées d’or, avait détrôné le collégien plus respectueux, moins neuf, trop servile. Le collégien, dont le cœur était déjà large assez pour une affection grave, ressentit les affres du chagrin qui, derrière les yeux fièrement dédaigneux, grossit et broie toujours davantage. Un matin qu’un écrasement sous la poitrine, à gauche, l’oppressait douloureusement, il fut soudain terrifié par un choc au cerveau, et des sanglots crevèrent à jets brûlants durant quelques secondes. Il arrivait à Jean de se ressouvenir de la paix descendue en lui, lorsque finirent les sanglots d’alors. Depuis la longue et véhémente effusion à son père, Jean se les est rappelés encore, inondé par une vague semblable de repos et de douceur. Elle ne pouvait grandir sans éclater, la tension de l’esprit ; elle ne pouvait croître sans déborder, la fièvre du sang. La bonté de Gaspard avait déjà secoué Jean d’un tressaillement, une impulsion d’amour l’avait énergiquement poussé vers le bienfaiteur. La chanson de tendresse et de légende acheva de lui remplir l’âme, de la tendre pour enfin l’amollir : en un remous de force et d’enthousiasmes se