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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

fait une dissertation, oh ! très bien ! très savante et même très gentille, sur les nuances romanesques envolées de mon âme…

— Ma chère petite sœur, je n’ai pas disserté, je ne me rappelle avoir parlé qu’avec mon cœur. Et les cœurs ne dissertent pas : quand ils ne chantent pas, ils pleurent…

— Il a bien du temps à perdre, le tien, s’il pleure sur moi…

— Tu ne réfléchis pas même à ce que tu dis, Yvonne. À certains moments, tu deviens presque gamine. Il est permis d’être légère à une jeune fille, mais non d’être disgracieuse. Je pousserais la bonté jusqu’à en être ennuyeux que tu n’as pas le droit de me faire de la peine : il est des erreurs qui ne se redressent qu’avec beaucoup d’amour…

— Alors, je ne t’aime plus ?

— Ce n’est pas moi qui l’ai dit le premier !

— C’est vrai, dimanche… oui, papa, je suis un très vilain personnage.

— Tu te moques de nous, petite fille ? réplique Gaspard, ignorant de toute la querelle morale entre ses deux enfants. Toi, vilaine ? La chose la plus fine, la plus charmante qu’il y ait moyen de rêver !

Un peu aigre, Yvonne articule :

— Il paraît que je suis un cerf-volant.