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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

mais tu es égoïste ! Tu parlais d’ardeurs puériles ? Leur objet fut enfantin souvent, j’y consens, mais ce qui ne l’était pas, ce qui promettait des miracles, c’était l’âme de ces enthousiasmes, l’instinct brûlant de la beauté supérieure et des nobles dévouements ! Je l’appellerai l’eau souterraine du sublime : peu à peu, le flot en serait devenu plus abondant, plus large. Aujourd’hui, par elle, tu serais entraînée vers quelque chose, de vaste, un magnifique rêve d’épouse. Nous, les hommes, pouvons à peine monter sans vos ailes… La terre nous rive à elle, quand votre sourire n’en écarte pas les chaînes !… Les hommes ont besoin du grand amour pour être forts… Yvonne, tu possèdes les dons capables de l’éveiller !…

— Tu ordonnes que j’attende l’homme, ou plus exactement, les ivresses de coiffer Sainte-Catherine…

— Je n’ordonne pas, je tâche de t’inspirer le haut désir qui ordonne !… Tu ignores combien de jeunes canadiens-français, grâce à toi, pourraient devenir nobles et grandir !

— Des noms, des noms, s’il vous plaît ? interroge-t-elle, à la fois curieuse et acerbe d’énervement.

— À ce moment, quand Lucien te fascine ? mais tu les prendrais tous en grippe !

— Je ne te croyais pas si retors ! ne put-elle