IX
le sanglot de thérèse
— Me permets-tu d’aller jouer avec les petites filles sur la grève ? demande Thérèse Bertrand à la grande sœur.
— Mais…
— Il n’y a pas de « mais », il y en a une, tiens la plus petite des trois, qui m’a fait un sourire et puis un signe… Regarde comme elle a l’air fin, il me semble que nous nous accorderions bien… Vous ne vous occupez pas de moi, tous les deux…
Jean Fontaine, à la courbe des joues, aux lignes amples du front, s’éclaira d’une rougeur incommodante. L’indiscrétion de l’enfant narguait à l’improviste, un trouble avec brusquerie l’envahissait, le frappait de mutisme, tandis que Lucile, d’un ton fébrile, déconseillait Thérèse d’être opiniâtre :
— Tu ne les connais pas !
— Ça ne fait rien ! Il n’y a pas besoin de cérémonies entre petites filles. Ce n’est pas la première fois que je me présente… Je suis toujours bien reçue…