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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

Sur une terrasse fruste au bout du parc, il y a des bancs qu’atteignent les arômes de l’onde. Quand la chaleur n’est pas trop brûlante, il est merveilleux d’y aller s’asseoir. Le soleil aujourd’hui répand avec largesse une tiédeur saine au milieu de laquelle il est bienfaisant de vivre. Les deux amis ne songent pas encore à déserter la lumière si bonne…

Le jeune homme n’avait pas du tout prévu que Lucile demeurerait silencieuse d’attendrissement. Comment, le plus tôt possible, ramener le sourire paisible entre eux ?

Il est vrai qu’il a dévoilé, malgré lui, l’admiration accrue pour elle : mais ne pourrait-il pas se mieux contenir, dissimuler, ne pas l’émouvoir d’une joie aussi périlleuse ? C’est elle qui, sans cesse ingénieuse à dénaturer les effusions de Jean, devint sereine la première.

— Pourquoi me dites-vous de pareilles choses ? dit-elle, rieuse et tranquille.

Une gaieté moqueuse tressaille dans la voix de Jean :

— C’est la dernière fois.

— Je m’en doutais.

— Expliquez-vous !

— C’est impossible !

— Ce mot-là vous est très cher !