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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

time et un respect ému. Est-il étonnant qu’elle chasse l’anxiété, dès qu’elle s’insinue en elle ? Il ne peut tramer contre elle un dessein ignominieux, petit à petit l’induire à l’opprobre. Elle s’insurge contre le soupçon, croit du meilleur de son âme à la noblesse, à la chevalerie de Jean Fontaine. Aux aguets, confiante, elle attend son retour aux paroles graves, à l’admiration dont elle est si fière. C’est un orgueil radieux qu’aucune vanité n’assombrit : avec quel ravissement ne l’a-t-elle pas vu s’inquiéter de l’avoir offensée, avec insistance, avec le besoin d’être positif, elle en est sûre ! Oh, comme elle a le désir de lui témoigner une reconnaissance vive de ne pas la mépriser, de lui faire l’honneur de sa courtoisie, devant tous, et de lui tenir des propos d’ami véritable !…

Et l’intelligence agile et riche de la jeune fille étonne Jean. D’où lui viennent ces délicatesses d’âme, une telle alacrité de jugement, d’aussi jolies trouvailles de l’esprit ? N’est-il pas admirable qu’elle soit toujours convenable, réservée sans pruderie, exubérante sans vulgarité, noble sans niaiserie ! Peut-on être plus délicieuse, avec plus de grâce et de goût ? Jean n’a-t-il pas la sensibilité la plus vivante, et n’est-elle pas déchirée par les vulgarités de caractère et les mesquineries de pensée ? Quelques maladresses,