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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

mignonnes, barbelées d’ironie à peine méchante. Elle amusait beaucoup, la société de Québec lui en était reconnaissante et ne pouvait se passer de son gazouillis étincelant.

— Voudrais-tu me convertir à l’amour ? s’était hâté de répondre Jean. Ce n’est pas la meilleure prédication… Berthe Gendron n’est pas l’argument irréfutable ; je n’aurai jamais la foi, si tu n’en as pas d’autre…

— Oh ! Monsieur l’incontentable, mais elle est ravissante !…

— Une créature d’un raffinement exquis, je m’incline…

— Alors ? tu n’as plus qu’à aimer… Cela va tout seul, à grandes enjambées. On se laisse faire, on est rendu, c’est divin…

— C’est la dernière confidence d’une amie qui t’a si bien renseignée ? tu deviens rouge comme un œillet !… Serait-ce ta propre expérience que tu me lances tout-à-coup, à bout portant ? Mais non, j’en saurais quelque chose, tu n’aurais pas oublié de me faire partager un peu de cette joie merveilleuse…

La perspicacité de Jean ne fait pas erreur, elle a déniché un réel secret d’amour. Yvonne, que la vie mondaine s’était asservie plus étroitement chaque jour depuis deux ans, avait peu à peu retiré son âme à l’intimité qui jadis unissait le