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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— Des ennemis, Lucien ? vous badinez ! Mais pourquoi ? Des ennemis, ça n’a de raison d’être que pour détruire…

— Eh bien ?

— On tente de vous écraser ?

— Puisqu’on est lâche et injuste !…

— Mais dans quel combat êtes-vous assaillant ou assailli ? On ne détruit que les adversaires ! Si vous étiez sur le gril en pleine fournaise politique, ou si vous jouiez des coudes pour trouer votre chemin jusqu’au premier rang d’une profession, ou si vous vous acheminiez à une allure inquiétante vers les millions, ou si… enfin, si pour d’autres hommes vous étiez l’obstacle à leur but, l’empêchement à leur ambition, je comprendrais… mais je ne vois pas… n’est-ce pas ? j’ignore comment…

— Vous hésitez : qu’est-ce que vous alliez dire ?

— Comment vous pouvez avoir des ennemis !

— Ah ! je n’en ai pas ! On ne convoite pas ma situation, le nom que je porte, les relations dont je m’honore, l’existence douce et raffinée qui est la mienne ! Il y a des gens qui me détestent, mademoiselle. Vous me surprenez ! Je vous croyais une jeune fille glorieuse d’elle-même : n’y en a-t-il pas qui me tiennent rancune d’avoir mérité votre cœur ?

Ces dernières paroles ont frémi d’une convic-