— Avons-nous contre la femme un autre argument que le compliment ?
— Vous vous moquez de moi ! s’écria-t-elle, une blessure profonde au cœur.
— Nous avons tout l’avenir pour nous en soucier, de votre féminisme, de votre secret de prolonger, d’éterniser l’amour… c’est bien cela ?
Il minaude, il persifle… Une douleur violente exaspère le courage d’Yvonne :
— Eh ! bien, libre à vous de railler, de ne pas vouloir m’entendre ! Vous m’enlevez toute force d’être claire, d’être éloquente. Votre badinage me paralyse. Un jour, vous admettrez, vous voudrez ! Votre visage s’illumine d’un sourire que je connais bien : vous ne croyez pas à mon enthousiasme ? Vous dites : c’est de l’imagination, de la naïveté, du romanesque ! Je vous préviens que vous serez conquis, entraîné ! J’espère en vous, Lucien, de tout l’élan de mon âme. Des heures méchantes m’ont déchirée : elles me bouleversaient, elles sont responsables de tout, des taquineries, des humiliations… Oh ! pardon, c’est fini, je crois en vous ! Je vous convaincrai, je ferai de vous l’être de bonté, de valeur, d’excellence que j’attends, que je veux ! Ah ! que je vous remercie de ce visage transformé, sérieux, qui ne me torture plus, qui me promet d’être généreux et d’obéir, n’est-ce pas ?