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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

— Jusqu’à l’amour !…

— Et ton amour s’est abattu comme ton rêve ?

— Lucien ! tu n’as pas le droit !… supplia-t-elle. Tu te joues de moi, réellement… Nous nous séparons, nous nous perdons !… Je souffre beaucoup…

— Je n’ai pas dit que tu me détestais, concéda-t-il, avec une fatuité peu discrète.

Yvonne l’en exonéra de tout son cœur : ne gardait-il pas toujours la fierté d’être chéri par elle ? Il n’était donc pas impossible encore de l’attendrir. Une flambée de joie irradia les prunelles de la jeune femme.

— Puisque tu m’aimes, il est si facile de nous expliquer avec générosité, d’esquisser notre bonheur le long de l’avenir !…

— Mais tu n’es donc pas heureuse ! s’exclama Lucien, les lèvres serrées et nerveuses, le front raidi par l’impatience. Tu me permettras d’en être ahuri.

— J’ai peur… Laisse-moi parler, je t’en prie !… J’en ai besoin…

— Enfin, je vais en savoir quelque chose !

Lucien modula cette phrase d’un rythme langoureux, où la moquerie se laissait clairement percevoir. Cela figea presque toute la confiance d’Yvonne, la mena vite à la dépression de tout à l’heure… Elle ne comprenait pas son humi-