avait-elle pas sollicitées ? Aussi dit-elle, craintive, oppressée :
— Ne me croyez pas si ambitieuse que je l’ai paru…
— Je vous ai comprise…
Une exclamation de joie déborda :
— Oh ! merci !
— Oh ! que je vous remercie moi-même ! s’écria Jean, qu’un flot de gratitude envahissait. Comme elle était délicieusement héroïque de ne pas avoir accueilli le rêve d’un mariage éclatant !
Lucile tâche en vain de pénétrer l’énigme, elle ouvre sur Jean des yeux ravissants de surprise.
— Vous ne comprenez pas ? dit-il, avec une espièglerie tendre.
— J’essaie de tout mon esprit…
— Il serait plus facile de le découvrir avec votre cœur…
Une divination sourde trouble la jeune fille : elle pressent quelque chose de merveilleux et d’inexprimable… Elle n’ose pas croire au bonheur qui s’annonce au fond d’elle-même, elle ferme l’oreille aux battements fiévreux de son cœur, elle plaisante à la manière des femmes bouleversées lorsqu’elles dissimulent :
— Mon cœur a si peu d’esprit…
— Il en a trop, mademoiselle…