Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/458

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— Les bûches ne durent pas longtemps, mais la flamme vit toujours…

Des larmes aux yeux des époux jaillissent, ils ont cru entendre la flamme éveiller le premier cri de l’enfant qu’ils désirent…

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Une longue aspiration d’air soulève la poitrine de Gaspard Fontaine. Beaucoup de chagrin s’amasse en lui, l’oppresse, et bien des fois le cœur du vieillard ne peut tout le contenir, s’ouvre d’un grand soupir qui diminue la souffrance. On dirait, en effet, qu’il n’est plus le même, qu’en peu de mois il a faibli, qu’il est humilié, le fier parvenu, qu’il va s’écrouler bientôt, le robuste homme d’affaires. Comme il a les traits amincis par du songe et de la peine, comme il a le regard lointain, lourd de sagesse et de repentir !

— Pourquoi n’as-tu rien à me dire ? implore Yvonne Desloges. J’ai besoin de ta force…

Elle a triomphé de l’orgueil, elle vient de révéler sa déception, le martyre de ne plus être aimée…

Gaspard, enfin, d’une voix bouleversée que Jean n’avait jamais entendue, murmure :

— Quand on n’a plus de joie soi-même, est-on capable d’en fournir aux autres ?