Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/79

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auprès d’une jeune fille, il éprouve même une certaine confusion de s’être laissé emmitoufler de la sorte. En aurait-elle assez de lui ? Elle serait îa première jeune fille qu’il eût lassée ! D’ordinaire, il se fatigue, ce n’est pas lui qu’on rejette avec un geste de prince ennuyé ! Un rival louvoyait-il dans ses eaux ? Un rival ! Quelle ignominie ! Elle n’aurait pas la témérité d’accueillir un rival, après les serments d’amour, composés d’un langage aussi délicat et pur, qu’il a modulés avec la musique la plus langoureuse de sa voix ! Tout son être se rebelle contre cela : il n’a eu des rivaux que pour les occire. Son langage ? Il est vrai que, badine et gouailleuse, elle en a nargué la saveur et la flexibilité. Que se passe-t-il donc en elle ? Tant d’échappatoires épuisent son indulgence. Il ne veut pas être dupe davantage, elle n’a plus qu’à fournir une explication limpide. Si elle passe outre et dissimule encore, elle ne devra qu’à elle-même de le perdre sans retour et d’en gémir désespérément. Une femme, à laquelle il fait l’honneur de l’aimer, n’a pas le droit de le ravaler à la besogne des bouffons !

Il menace donc :

— Yvonne, soyez franche ! je le veux !

— Je le regrette !

— Que je le veuille ?

— Non, que je l’aie dit !…