Page:Bernier - Ce que disait la flamme, 1913.djvu/99

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neau, pensif, le regard fixe. Je me suis presque reconnu. Mais oui, « on », c’est presque moi. Je suis parti de chez nous, le plus tranquillement du monde. Mon cœur ne battait pas autrement qu’à l’ordinaire. Tu as raison, je t’admire d’être plus profond, d’avoir…

— Ne m’admire pas, je ne suis pas plus admirable que toi, va !… Je suis allé là en dilettante, avec l’espoir d’entendre quelques merveilleux discours. Je désirais enrichir mon album de souvenirs d’une photographie nouvelle, d’un spectacle rare. Rien du soldat ne palpitait sous ma chemise de luxe…

— Et là ?

— J’ai été pris !

— Moi aussi, Jean !

— J’ai pleuré…

— Vraiment ?

— Tu me trouves ridicule ?

— Non, je voudrais avoir pleuré aussi…

— Et demain, nous n’y penserons peut-être plus…

— Comme la foule…

— Pourquoi cela, mon ami ?

— Pourquoi, Jean ?… Ah ! tu m’as fait entrevoir que nous ne sommes patriotes que vaguement, sans conviction…