Page:Berquin - Œuvres complètes, Tome XIV, 1803.djvu/109

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dernier espace qu’il a parcouru ; prêt à se plaindre d’un seul pas détourné ou d’un mouvement tant soit peu brusque que vous lui aurez fait faire. Il faut donc le conduire si uniment et par une route si agréable, qu’il n’ait pas besoin de s’arrêter à ces lieux de repos, ou lui donner d’abord une secousse si forte, qu’il les franchisse sans les appercevoir, et se précipite de couplet en couplet jusqu’à l’événement.

Si j’ai fait remarquer les difficultés attachées au rythmé périodique, c’est moins pour m’applaudir de les avoir vaincues, que pour me ménager une excuse lorsque j’aurai été contraint d’y céder. Mais quel fruit ne retireroit pas de son triomphe le génie heureux qui les auroit surmontées ? L’avantage qu’un bon vers a sur la prose, un bon couplet l’obtient sur la marche libre des vers. Le cercle étroit dans lequel l’un et l’autre se resserrent, la proscription qu’ils exercent également sur le mot oisif et sur le trait inutile, donnent à l’image, à la pensée ou à l’action, bien plus de vie, de justesse ou de rapidité ; l’harmonie y prend une cadence bien plus marquée ; la phrase, des formes bien plus nombreuses et bien plus arrondies, et l’expression