Page:Berquin - Œuvres complètes, Tome XIV, 1803.djvu/113

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il est bientôt rompu par des soupirs étouffés. Les infortunes de Geneviève ne sont encore qu’à moitié peintes, et la pitié n déjà pris un tribut de pleurs. Heureux l’étranger admis à cette fête délicieuse ! Plus heureux mille fois le poète qui pourroit recueillir ce fruit de ses chants ! Dans quel ravissement il verroit ces parens enchantés embrasser leur fille chérie ! Avec quelle ivresse il oseroit prendre lui-même sous leurs yeux un baiser aussi enflammé qu’innocent ! Et qui sait si les plaisirs de cette soirée ne seront pas pour l’heureuse famille la source d’une plus longue félicité ! Qui sait si ces bons parens, retirés dans leur couche, et se félicitant, dans leurs chastes embrassemens, d’avoir donné le jour à une fille si digne de leur tendresse, ne s’occuperont pas avec plus d’ardeur de son établissement, s’ils ne s’animeront pas d’un nouveau zèle pour rendre leurs autres enfans également dignes de leur amour ! L’un se proposera de redoubler d’activité et de vigilance dans ses affaires ; l’autre songera à mettre plus d’arrangement et d’économie dans son ménage. Agathe, de son côté, émue encore d’une agitation profonde, éprouvant, malgré la frivolité des pensées de