Page:Berquin - Œuvres complètes, Tome XIV, 1803.djvu/14

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Le fonds peu intéressant de la plupart des anciennes poésies bucoliques, le ton précieux et les fadeurs mêlés dans nos églogues modernes, à un petit nombre de traits fins et délicats, avoient prévenu depuis long-temps notre goût dédaigneux contre les muses pastorales. L’Aminte du Tasse et les Amours de Daphnis et Chloé, étoient presque les seuls ouvrages qu’il eût exceptés de ses proscriptions, lorsque la traduction des poêmes de Gessner vint ramener heureusement nos regards sur la scène champêtre. Égal, en simplicité, au Berger de Sicile, dont il a su, imitateur judicieux, éviter la rusticité ; un peu moins poète que le chantre de Mantoue, mais ayant d’ailleurs toutes ses graces ; sensible et affectueux comme Racan et d’Urfé, sans que ses expressions tendres deviennent jamais langoureuses ; doué, tout-à-la-fois, de la molle douceur de Segrais, et d’une touche plus originale ; presque aussi fin dans son air de négligence que Fontenelle dans ses traits les plus étudiés ; plus naturel et non moins ingénieux que Lamotte dans