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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

sciences biologiques commençaient à se répandre, passionnant les mentalités studieuses. La linguistique, l’histoire et la doctrine comparées des religions étaient fort à la mode. Notre affamé de connaissances s’était, à coup sûr, assimilé en outre Darwin, Buchner, aussi bien que les philosophes allemands. Et, de même que dans sa douzième année il avait poussé jusqu’au mysticisme sa ferveur d’idéalisme chrétien, il devait à seize ans, après avoir blasphémé éperdûment, pousser le matérialisme jusqu’au mysticisme.


Combien est déplorable la perte du manuscrit en prose intitule la Chasse spirituelle, colligé, croyons-nous, après le Bateau ivre et confié par Rimbaud à Verlaine en 1872 ! Sa publication, en nous renseignant de façon peut-être explicite sur l’état des connaissances acquises par le poète, comblerait sans doute la lacune qu’on sent exister entre ses vers réguliers et les Illuminations. La Chasse spirituelle contenait « d’étranges mysticités et les plus aigus aperçus psychologiques », a dit Verlaine dans les Poètes maudits. Elle nous eût donc, en même temps, renseigné plus complètement sur l’intimité morale de Rimbaud.

En attendant qu’un remords, un hasard, —