Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/193

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férend survenu.à Paris entre les deux poètes

Il faut, voyez-vous, nous pardonner les choses.
De cette façon nous serons bien heureuses,
Et si notre vie a des instants moroses,
Du moins nous serons, n’est-ce pas ? deux pleureuses.

Ô que nous mêlions, âmes soeurs que nous sommes,
A nos vœux confus la douceur puérile
De cheminer loin des femmes et des hommes,
Dans le frais oubli de ce qui nous exile.

Soyons deux enfants, soyons deux jeunes filles
Éprises de rien et de tout étonnées,
Qui s’en vont pâlir sous les chastes charmilles
Sans même savoir qu’elles sont pardonnées.


Dans les moments où il n’était pas possédé par ses visions, Rimbaud, à Charleville, s’ennuyait mortellement. Il répondait à ces lettres, à ces vers par l’envoi de poèmes et d’épîtres chargées de sarcasmes, d’amertume et peut-être d’imprudents conseils. Il n’oubliait pas son manuscrit, certes. À plusieurs reprises, il fit part à sa mère d’inquiétudes à ce sujet. Il ne lui avait pas célé non plus son amitié pour Verlaine, ni les méchants commentaires que cette amitié faisait naître. Mais voici qu’il se reprenait à prêter l’oreille aux suggestions de son dé-