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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

dans les escaliers, dans les cours et dans la rue. C’est que, sous des dehors froids et autoritaires, Madame Rimbaud célait une vigilante amativité. Elle était très laborieuse, très économe pour soi-même ; et comme, sans être ce qu’on appelle riche, elle jouissait d’une certaine aisance, cela lui permettait de pourvoir largement aux besoins et au soin de ses enfants, et de garder un certain décorum sans recourir trop aux services d’une domesticité dont la présence lui était suspecte moralement et peu agréable.

Nous avons dit qu’Arthur allait avoir six ans. Son frère approchait de sept ans Vitalie, la seconde de ses sœurs (la première était morte en nourrice), avait deux ans Isabelle devait naître en juin de cette année 1860. On comprendra qu’élever ce petit monde vers la perfection visée et le garer des contingences fâcheuses n’était pas, pour une femme seule, tâche facile. Il y fallait même, avouons-le, employer quelque héroïsme, au moment surtout où elle allaita sa dernière-née et étant donné que les petits garçons montraient déjà, chacun à sa façon, leur inclination pour l’indépendance.



Dix ans plus tard, en 1871, Arthur Rimbaud rassemblera ses souvenirs du séjour dans la rue