Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/238

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« passe des heures à lui faire honte de tout ce qui l’a pu toucher au monde, et s’indigne s’il pleure[1] ». Verlaine ne comprend pas.

Il avait été convenu entre eux, en Belgique, que c’en serait fini des récriminations au sujet du procès en cours, fini des ébriétés affolantes, fini des langueurs et des paresses, et qu’on s’appliquerait exclusivement, et avec énergie, à trouver le « lieu et la formule ». Ce dernier départ pour Londres avec Verlaine était l’ultime effort pour rendre celui-ci « à son état primitif de fils du Soleil », à sa pureté lumineuse de poète dégagé des amours terrestres. Verlaine, certes, subissait cette domination intellectuelle, cette volonté idéaliste, cette emprise spirituelle qui, en déterminant l’éclosion de sa personnalité poétique, lui laissera à jamais sa marque ; il est des poèmes dans son œuvre qui veulent être, qui sont des illuminations, par exemple : Beams (Romances sans Paroles), Kaleïdoscope (Jadis et Naguère), écrits dans la compagnie de Rimbaud. On peut même affirmer que le spiritualisme transcendantal du visionnaire, en opprimant le sentimentalisme de Verlaine, jeta dans l’âme de celui-ci les germes d’un mysticisme, qui par la suite, en la prison de Mons, devait fleu-

  1. Une Saison en Enfer, Délires I.