Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/251

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sait point. Verlaine entrait en fureur. Il n’y avait, dans ces conditions, pas de solution possible au débat. Verlaine sortit et alla s’enivrer…

Les conseils de la nuit, en affermissant Rimbaud dans sa volonté de rupture et de départ, ne firent qu’accroître son indignation et renforcer sa décision.

Dès l’aube du jeudi, il signifie à Verlaine sa résolution de partir le jour même pour Paris ; il lui demande péremptoirement le louis indispensable au trajet en chemin de fer et lui annonce, en même temps, que tout rapport entre eux doit cesser, que c’est l’intérêt de tous et, par dessus tout, le sien à lui, Verlaine ! Celui-ci, empêché par l’alcool de sagement réfléchir durant la nuit, reçoit ces injonctions comme une blessure a sa sentimentalité, et, dans le dessein d’atténuer sa souffrance, il descend, vers six heures du matin, pour aller encore absorber des liqueurs.

À midi, il rentra, très surexcité par l’ivresse. Néanmoins Rimbaud, impatient de partir, lui formule de nouveau, avec énergie, sa requête. Verlaine sort un revolver de sa poche.

— Que comptes-tu faire de cela ? dit Rimbaud

— C’est pour vous, c’est pour moi, c’est poui tout le monde ! balbutie Verlaine.

Le geste, pourtant, n’inquiète pas trop Ie jeune homme. La scène se passe devant Madame Ver-