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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

se dresse, bronze et granit, sur cette place de la Gare où, plus que jamais, les habitants de Charleville vont, le jeudi, écouter la musique militaire ; et c’est la musique militaire qui, à l’inauguration du monument, exécuta l’adaptation de la symphonie d’Émile Ratez inspirée par le Bateau ivre.



Ensemble que la pensée du jouvenceau s’éprenait de révoltes, ses facultés d’aimer, comprimées par l’apparente misanthropie maternelle, couvaient donc des ardeurs. C’était de son âge. De vagues amours platoniques connurent la déception. Le « cœur merveilleux » s’en élargit davantage.

À l’approche des vacances, on vit Rimbaud marquer de plus en plus une grande générosité envers ses condisciples et une délicate et spéciale condescendance envers les cancres. Bien que, mieux que Madame Rimbaud, mieux que les professeurs, il eût conscience de sa supériorité intellectuelle, jamais on ne le voyait tirer orgueil de sa facilité ni de ses triomphes. Le vantait-on ? Il paraissait en souffrir. Peut-être dans cette attitude y avait-il encore une révolte contre sa mère, toute glorieuse, elle, de ses succès. Toujours est-il qu’il n’admettait