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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

La guerre, dans la région, battait son plein. L’hiver allait être particulièrement rude. Madame Rimbaud, tremblante en elle-même à la pensée d’un nouveau départ possible de son fils, le laissait maintenant agir à peu près à sa guise. Le collège n’avait pas rouvert ses portes. Tout le monde, à cause des opérations militaires, était, comme on dit, sens dessus dessous.

Le jeune poète, non sans impatience de séjour, occupait son temps dans la lecture d’ouvrages modernes de sociologie et d’esthétique, prêtés par des professeurs du collège. Il faisait aussi de longues stations à la bibliothèque de la ville, où, disent tous ses biographes, il dévorait de vieux bouquins d’alchimie et de cabale, ainsi que des « contes orientaux et libretti de Favart[1] ». « Le bibliothécaire d’alors — ont écrit MM. Bourguignon et Houin[2] — était M. Jean Hubert, ancien professeur de rhétorique, auteur de divers travaux d’érudition locale ; il n’aimait guère se déranger pour chercher les volumes demandés ». Rimbaud, appuie M. Louis Pierquin[3], « faisait le désespoir du vieillard, ainsi que des trois ou quatre retraités qui formaient

  1. Paul Verlaine, les Poètes maudits.
  2. Revue d’Ardenne et d’Argonne.
  3. Le poète Arthur Rimbaud. M. Pierquin fut un ami de Rimbaud, un vrai, vers 1875-76.