Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/106

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Puissent mille succés parfaitement heureux
Desormais témoigner à ce cœur genereux
Qui de tous nos malheurs cherche la delivrance,
Qu’en remettant ses pas dedans le droit sentier,
Il se rend tout d’un coup pacifique heritier
Du royaume celeste, et du sceptre de France.

STANCES AU ROY

Sire, en fin les lauriers couronnants la valeur
Dont vostre ame royalle a vaincu son malheur,
Et forcé le destin qui vous estoit contraire,
Ont fait jusqu’à tel point vostre gloire monter,
Que quiconque entreprend l’honneur de la chanter,
S’il n’est fort eloquent il est fort temeraire.
Il est fort temeraire, et l’imprudente ardeur
Qui de son entreprise ignorant la grandeur
Anime sa pensee au dessein qu’elle embrasse,
Meriteroit qu’un jour, à l’égal du romain
Couronné mais lié par une mesme main,
Recompensant son zele, on punist son audace.
C’est pourquoy cognoissant combien manquent en moy
De graces pour loüer celles d’un si grand roy,
Ne vien-je pas m’offrir à ce penible ouvrage :
Ce seioit trop d’orgueil que de tant presumer :
J’errerois sans pilote en une estrange mer,
Et ne m’embarquerois que pour faire naufrage.
Un stile aussi fameux en la gloire des vers,
Que vostre heureuse espee est crainte en l’univers,
Seul merite icy bas l’honneur de l’entreprendre :
N’appartenant à nul d’entre tous les humains,