Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/133

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Aussi, Dieu t’élizant entre les plus grands rois
Comme l’appuy futur des vertus et des loix,
T’a sacré de son huille et de joye et de grace ;
Afin que la constance et force de ton cœur
Luitant contre nos maux pour t’en rendre vainqueur,
Incessamment s’exerce, et jamais ne se lasse.
De là vient que le nom de tes faits genereux
Te publiant si doux, si grand, si valeureux,
Et desja ta loüange estant par tout semee,
Telle odeur que l’on sent tes habits exhaler,
Lors que d’un doux parfum ils embasment tout l’air,
Telle odeur par le monde épand ta renommee.
Regarde aussi quel heur fleurit entre tes mains,
Il flechit sous tes loix cent millions d’humains :
Le sein de tes palais brille d’or et d’yvoire :
Leur superbe artifice estonne l’estranger :
Encor que ressentant l’honneur de te loger,
Leur hoste, et non leur or, soit le plus de leur gloire.
Les filles des grands ducs y font de tous costez
Reluire en ton honneur l’esclat de leurs beautez,
Et le feu dont leur oeil plus doucement éclaire.
Ton seul contentement est l’object de leurs vœux :
Leurs yeux ont pour toy seul des charmes et des feux,
Et ne leur plaisent point s’ils n’ont l’heur de te plaire.
La royne est à tes flancs, ceinte pompeusement
Des superbes replis d’un royal vestement,
Et de maints diamants formez en diadéme :
Elle est toute paree et de perles et d’or :
Mais sa chaste beauté la parant mieux encor,
Fait qu’elle trouve en soy l’ornement de soy-mesme.
Aussi te la donnant apres tant de bon-heur,
Le ciel a couronné ta joye et ton honneur
D’une felicité presque en tout mutuelle :
Tu la rends grande royne, elle toy prince heureux :
Elle ayme ta valeur, toy son cœur genereux :
Sa grandeur est en toy, ta richesse est en elle.
Ô