Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/137

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 DU ROY A DUC DE MONPENSIER

Entre tant de grands rois que l’univers admire,
Et de qui la prudence a regy cet empire,
Plantant avec le fer ses bornes plus avant,
Et par les bonnes loix en paix le conservant,
Celuy qui couronné d’une illustre memoire
Luist de plus saincts rayons de grandeur et de gloire,
Et pour avoir le monde au monde surmonté,
S’est mis dessus le front un laurier plus vanté :
C’est ce roy qui fit voir à la source premiere
Du clair sang de Bourbon la celeste lumiere,
Ce fameux Sainct Loys, le patron des bons rois,
Qui s’immola soy-mesme à l’honneur de la croix,
Qui signala sa vie en tant d’actes de guerre,
Faisant trembler d’effroy les trois parts de la terre,
Et qui pour delivrer de la chaine et des fers
Les champs où nostre Dieu destruisit les enfers,
D’un magnanime zele ayant l’ame saisie
Guida la France armee aux rives de l’Asie.
Quand je ly ses vertus, et les faicts genereux
Qui l’ont assis là-haut au rang des bien-heureux,
Et qui font que sa gloire icy bas se renomme :
Je ne les juge point ouvrages d’un pur homme,
Ains de quelque ange sainct d’un corps d’homme vestu,
Pour monstrer aux mortels les pas de la vertu :