Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/190

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Quand ce docte prelat, en qui luit le pouvoir
Qu’a l’extréme eloquence et l’extreme sçavoir,
Combatoit devant vous des armes de l’eglise
Pour la foy dont la garde en vos mains s’est commise ?
Vous sembliez du desir combatre avecques luy :
Chaque mot vous combloit ou de joye ou d’ennuy :
L’honneur qu’il s’acqueroit paroissoit vostre gloire :
Et tout autant de fois qu’il gaignoit la victoire,
Soudain le feu de joye en luisoit dans vos yeux
Estincelans alors comme estoilles des cieux.
Aussi (sire) avez vous, par la seule conduite
De ce petit combat, mis plusieurs camps en fuite :
Gaigné plusieurs lauriers non sanglamment vainqueurs
Et conquis tout d’un coup cent millions de cœurs,
Qui maintenant pour vous bruslent d’amour extréme,
Et qui pour vostre vie iroient à la mort mesme.
Ô que ce grand pontife à qui par dessus tous,
Dieu commet le troupeau qu’il garantit des loups,
En recevra de joye, et qu’apres tant de craintes
Dont il ressent pour nous les secrettes attaintes,
Il concevra d’espoir de voir à l’advenir
Les malheurs de la France heureusement finir !
Il m’est advis desja que j’entens sa pensee
Vous dire d’une voix par le cœur prononcee,
Grand roy, face le ciel que les traits du malheur
Se trouvent tous sans pointe assaillans ta valeur,
Puis que rendant mon ame en ses vœux si contente,
Tu ne me frustres point de la fidelle attente
Que je conceu de toy, quand malgré les efforts
Des divers ennemis qui t’impugnoient alors,
Quand malgré le conseil, quand malgré la menace,
Des uns pleins d’artifice et des autres d’audace,
Au milieu des frayeurs qu’on me donnoit de toy,
Sans autre gage humain que celuy de ta foy,