Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/366

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Il ne restoit plus rien au comble de ta gloire
Grand roy, que de vouloir ton peuple soulager,
Et chargeant sur son dos un fardeau plus leger,
Finir de ses malheurs la lamentable histoire.
C’est pourquoy maintenant que ce soucy t’espoind
Si d’un si sainct labeur tu ne te lasses point,
Tu seras adoré comme un dieu de la France :
Et verras derechef s’accroistre infiniment
Ce qui, comme infiny, semble presentement
Ne pouvoir jamais plus recevoir d’accroissance.

A MLLE D’ANTRAGUES

Flambeaux estincellans, clairs astres d’icy bas,
De qui les doux regards mettent les cœurs en cendre :
Beaux yeux qui contraindriez les plus fiers de se rendre,
Ravissans aux vainqueurs le prix de leurs combats :
Riches filets d’amour semez de mille appasts,
Cheveux où tant d’esprits font gloire de se prendre :
Doux attraits, doux dedains de qui l’on voit dépendre
Ce qui donne aux plus grands la vie et le trespas :
Beau tout où nul defaut n’a peu trouver de place,
Et je serois stupide, et je suis plein d’audace,
De taire vostre gloire, et d’oser la toucher :
Car voyant des beautez si dignes de loüange,
Pour ne les loüer pas il faut estre un rocher,
Et pour les bien loüer il faudroit estre un ange.