Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/511

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Dans ce lieu solitaire, entre les oraisons,
Antidotes sacrez des mortelles poisons,
Qui corrompent une ame au vice abandonnee,
L’ange trouva la nymphe à genoux prosternee.
Leurs propos furent cours ; car le temps les pressant,
Apres qu’en peu de mots son discours ramassant,
Il l’eut en bref instruite et du vouloir celeste,
Et de ce qu’il venoit luy rendre manifeste,
Ils prindrent leur chemin dedans un coche d’air
Vers l’endroit où leurs pas devoient tous se guider,
General rendez-vous de la trouppe amassee,
À qui manquoit encor la Princesse Dicee.
Mais le courrier vollant, esleu pour la chercher,
Ny ne la voyoit point sur la terre marcher,
Ny ne la trouvoit plus, comme autrefois, assise
Dans les saincts tribunaux des roys et de l’eglise,
Entre les magistrats qui sont la vive voix,
Les sacrez truchemens, et l’esprit de leurs loix.
Dequoy s’émerveillant, et desirant d’entendre
Quelle cause pourroit la langue humaine en rendre,
Il print un corps visible, et se chargeant les mains
D’un sac gros de papiers et de vieux tiltres faints,
Entra dans une salle où bruyoit le murmure
D’un peuple tremoussant sous la fiere pointure
De la cruelle Eride espandant ses fureurs,
Jusques dedans l’esprit des simples laboureurs,
Picquez, comme d’un tan, des traits de sa manie,
Et battus de ses sœurs Merimne et Dapanie.
Dans ceste grande salle incogneuë au repos,
Erroit ceste furie, ou parmy ses supposts,
Ou parmy les chetifs que ses dures estreintes
Lioient entre les pleurs et les frivoles plaintes ;
Une