Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/581

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La beauté sa mere nourrice :
Autrement on ne sçauroit voir,
Ny qu’il soit jamais sans pouvoir,
Ny qu’elles soient sans exercice.

AMOUR VAINCU DE CES NYMPHES

Victorieux du ciel, de la terre, et de l’onde,
Je pensois mettre aux fers, où j’ay mis tout le monde,
Dix nymphes qu’en un bois par hazard j’ay treuvé :
Mais les fléches qu’en vain je leur ay décochees,
S’estant contre leur sein par malheur rebouchees,
Elles m’ont à la fin moy-mesme captivé.
Captif, chargé de fers, et tourmenté par elles,
J’ay demandé secours aux puissances mortelles,
Aux dieux, au ciel, en terre, en ceste grande court,
Mais ceux que je fais plaindre ont à dédain mes larmes,
Et de ceux que je rends bien-heureux par mes armes :
Chacun me plaint assez, mais nul ne me secourt.
Ô dieux, hostes du ciel, ô bourgeois de la terre,
Souffrirez-vous qu’ainsi pour jamais on enferre,
Celuy qui rangeoit tout aux loix de son pouvoir ?
Vos cœurs me lairront-ils perir en servitude ?
Verray-je ou par rigueur, ou par ingratitude,
Es uns la pitié morte, és autres le devoir ?