Page:Bertaut - Les Œuvres poétiques, éd. Chenevière, 1891.djvu/84

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Afin que de ce mal quelque bien je retire,
Et que ce qui te plaist ne me desplaise point.

  Armé de ta fureur ie feray resistance
Aux plus rudes assauts livrez par le malheur :
Et pourueu que ta grace augmente ma constance,
Ie ne te requier point d’amoindrir ma douleur.


——————————————————


CANTIQVE.
DONT L’ARGUMENT EST PRIS DU PREMIER
PSEAUME DE DAUID
[1].

Bien-heureux est celuy qui parmy les delices,
Dont le monde a sucré le poison de ses vices,
Et parmy tant d’apasts à mal faire allechans,
Regit si prudemment les desirs de son ame,
Que nul secret remors son courage n’entame
Pour auoir augmenté le nombre des méchans.

  Qui n’admire en son cœur rien qui soit sous la Lune
Qui ne fait point hommage au sceptre de fortune :
Qui ne luy laisse auoir nul empire sur soy :
Qui vrayement et d’effect est ce qu’il veut parestre :
Qui de nul maistrisé, de soy-mesme est le maistre,
Regnant sur ses desirs, et leur donnant la loy.

  Qui lisant iour et nuict des yeux de la pensee
La loy du Tout-puissant en son ame tracee,
Conçoit de beaux desirs, produit de beaux effects :
Et de qui le courage abhorrant la vengeance,
D’un volontaire oubly noye en sa souuenance
Les torts qu’il a receus, et les biens qu’il a faits.

  1. Le premier psaume de David a seulement servi de thème au poète. — La traduction exacte en a été faite par Marot.