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Page:Berteval-Le theatre d'Ibsen, 1912.djvu/299

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LE PETIT EYOLF


Cette idée de l’homme, qui croit être lui-même en allant jusqu’au bout de ses volontés, et s’aperçoit qu’il a oublié tout ce qui fait la vie véritable, cette idée mélancolique et troublante est au fond de toutes les dernières pièces d’Ibsen.

Elle éclate avec force dans le drame que nous venons d’étudier. Mais encore Solness était-il un homme de génie, dont l’action, contestable à certains points de vue, a pu être bienfaisante à d’autres. Dans le Petit Eyolf, nous nous trouvons en présence d’un Alfred Allmers, qui n’a réalisé aucune œuvre, qui se cherche toute sa vie, et ne se trouve en une certaine mesure qu’au moment où il semble avoir renoncé à cette recherche.

Comme Solness, c’est un cérébral. Le monde où il se meut est celui des idées. Et pourtant, comme Solness aussi, la vraie vie, celle qui repose sur les sentiments naturels et les instincts primordiaux, le sollicite. Cette dualité est si bien la clef de son caractère que tout ce qui lui arrive n’en est que l’expression ou le symbole.

Dès le commencement, nous le voyons placé entre deux femmes, Asta et Rita.