Page:Berthelot - La grande encyclopédie, T04, Artibonite-Baillie.djvu/793

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— 765 —

AUTOMATE

Grand, mathématicien du xm" siècle, avait construit™ automate de figure humaine qui allait ouvrir la porte de la cellule lorsque quelqu’un venait frapper et qui poussait quelques sons comme pour parler à la personne qui entrait. Le P. Schott, dans son ouvrage intitulé : Technka curiosa seu mirabilis artis, parle d’un automate qui proférait Fipr. 1. — .1. Roues à palettes ;c. pattes palmées ; e. châssis ; f. corde à boyau ; g. ressort ; m. levier horizontal ; s. pignon.

des sons et que l’on voyait dans le muséum du P. Kirclier. Mais rien n’est comparable en ce genre aux travaux de l’illustre Vaucanson. Ce célèbre mécanicien était parvenu à imiter avec perfection non seulement les mouvements extérieurs des animaux, mais encore leurs fonctions vitales internes. Tout le monde a entendu parler de son canard artificiel (fig. 1), qui buvait, barbotait dans l’eau, coassait comme le canard naturel, agitait ses ailes, s’élevait sur ses pattes, portait son cou à droite ou à gauche et l’allongeait pour prendre du grain qu’il avalait, digérait et évacuait par les voies ordinaires. Vaucanson avait imité tous les gestes du canard, son automate avalait avec précipitation et redoublait de vitesse dans le mouvement de son gosier pour faire passer ses aliments jusqu’à l’estomac ou ils éprouvaient une opération qui changeait leur forme et leur apparence. Cette matière ainsi transformée était conduite par des tuyaux jusqu’à l’anus où il y avait un sphincter qui en facilitait la sortie. Les ailes avaient été copiées exactement sur les ailes d’un canard vivant, avec les formes, les cavités, les articulations des os qui en constituent la charpente. Sur la fin de sa vie, Vaucanson était occupé d’un automate dans l’intérieur duquel on aurait vu tout le mécanisme de la circulation du sang. Le système vasculaire devait être en gomme élastique, mais comme on ne connaissait pas encore la manière de dissoudre et de façonner cette matière, il avait été décidé qu’un anatomiste se transporterait à la Guyane pour présider à ce travail. Le roi Louis XVI, qui s’intéressait à cette invention, avait ordonné le voyage ; mais les lenteurs qu’éprouva l’opération dégoûtèrent Vaucanson. Anéroïdes, du grec (avr.p, avopoç homme et stooç forme). Automate à figure humaine qui, au moyen de ressorts, exécute quelques-unes des actions particulières à l’homme. Les poupées mécaniques qui courent autour d’une table en remuant la tête, les yeux, les mains, étaient de petits androïdes communs chez les Grecs, d’où plus tard ils furent apportés chez les Romains. De semblables figures servaient antérieurement à faire des miracles ; mais aujourd’hui qu’on ne croit plus guère aux sorciers, ces innocents complices des magiciens d’autrefois sont devenus des jouets dont on amuse les enfants. Le premier androïde qui ait acquis quelque célébrité est attribué à Albert le Grand, dont nous avons dit quelques mots. On raconte que Thomas d’Aquin, en apercevant cet automate, fut tellement effrayé qu’il le brisa en morceau, ce qui arracha a Albert cette exclamation de regret : Periit opus triginta annorum ! Il paraîtrait que Descartes, voulant prouver démonstrativement que les botes n’ont point d’âme, avait construit un automate auquel il avait donné la figure d’une jeune fille et qu’il l’appelait en plaisantant sa fille Francine. Dans un voyage sur mer on eut la curiosité d’ouvrir la caisse dans laquelle Francine était enfermée, et le capitaine, surpris des mouvements de cette machine qui se remuait comme si elle eût été animée, la jeta dans la mer, craignant que ce fût quelque instrument de magie. Les plus parfaites et les plus célèbres figures en ce genre furent sans contredit le flùteur et le joueur de tambourin de Vaucanson (fig. 2 et 3). Le premier de ces automates fut construit et exposé à Paris, en 1738. Il fut l’objet d’un mémoire que l’auteur adressa à l’Académie des sciences, mémoire qui lui attira d’unanimes éloges. Ce llùteur automate représentait un faune jouant de la flûte traversière sur le modèle de la belle statue de Coysevox. 11 exécutait douze airs ditiérents avec beaucoup de précision. Les lèvres avaient les mouvements nécessaires pour modifier le vent qui entre dans la flûte, en augmentant ou diminuant sa vitesse suivant les différents tons, avec le concours de variations dans la disposition des doigts et des mouvements que recevait une soupape qui remplissait les fonctions de la langue. Le joueur de tambourin de Vaucanson tenait d’une main un flageolet, et de l’autre une baguette avec laquelle il frappait son tam-Fig. 2.

Automate joueur de flûte.

bourin ; il jouait sur le premier instrument une vingtaine de contredanses, et il battait sur le tambourin des coups simples et doublés, des roulements variés qui accompagnaient, en mesure les airs que le flageolet faisait entendre. Vaucanson avait encore fait pour la Ciëopdtre deMarmontel un aspic qui s’élançait en sifflant sur le sein de l’actrice, ce qui fit dire à un plaisant interrogé sur ce qu’il pensait de la pièce : « Moi, je suis de l’avis de l’aspic. » On dit que, dans un voyage à Lyon, s’étant vu poursuivi par les oumërs, instruits qu’il cherchait à simplifier lés métiers, il