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BIJOUTERIE

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terie en aluminium prend souvent à la longue un aspect mat et terne peu agréable ; pour leur rendre leur éclat primitif, on lestraiie pai une lessive dépotasse caustique, il y a déga£ ;ement d’hydrogène libre à la surtace du métal qui prend àe suite un grand éclat ; ainsi traité l’aluminium n’est plus guf-re exposé à se ternir à l’air. Il est possible de dorer l’aluminium ; M. Tissier indique le procédé suivant : il t’ait dissoudre 8 granmies d’or dans l’eau régale, étend d’eau la solution et la met digérer vingt-quatre heures dans un petit excès de chaux. Le précipité d’aurate de chaux et de chaux en excès bien lavé est traité à la chaleur douce par une dissolution de 2(1 grammes d’hyposulfïte de soude dans un litre d’eau. La liqueur filtrée est propre à dorer à froid, sans le secours de la pile, l’aluminium qu’on y plonge après l’avoir préalablement décapé, par l’action successive de la potasse, de l’acide nitrique et de l’eau pure. On emploie dans l’industrie de la bijouterie deux alliages d’aluminium, le bronze d’aluminium et l’argent d’aluminium ; le bronte d’aluminluin, alliage de cuivre et d’aluminium, fournit un métal très peu attaquable par les influences atmosphériques, oflrant par lui-même une couleur assez voisine de l’or, ce qui permet de l’employer à la confection de médaillons, de chaînes, de boîtiers de montre, etc. Son éclat répond à une inaltérabilité tort remarquable ; la teneur en cuivre varie entre 90 et 95 "/o, le reste en aluminium. Sa ténacité surpasse celle du fer et ce métal se martèle à chaud. On peut le fabriquer dans des creusets brasqués chauffés soit dans des fourneaux prismatiques, soit dans des fours à moufle. Le bronze d’aluminium prend facilement la dorure. L’argent d’aluminium s’obtient en fondant une partie d’argent avec trois ou quatre parties d’aluminium ; on travaille facilement cet alliage parce qu’il se laisse bien tourner et limer, ce qui n’est pas le cas pour l’aluminium pur, qui est trop noir et encrasse les limes.

Bijouterie d’acier. — La bijouterie d’acier, dont la vogue fut si grande au xviii^ siècle, avait repris faveur dans ces dernières années, mais les changements de la mode paraissent avoir momentanément ralenti cette fabrication si intéressante. L’acier, grâce à sa dureté, est susceptible d’un beau poli ; on en forme des demi-perles très finement facettées, et ces pointes d’acier sont rivées les unes contre les autres sur des plaques de cuivre argenté percées de mille trous, qui reproduisent en silhouette les dispositions que l’on veut exécuter. On obtient ainsi de l’éclat et du scintillement ; pourtant on reproche à ces milliers de petites pointes facettées de ne refléter la lumière que d’une façon monotone ; il faudrait peut-être chercher la silhouette heureuse et les eti’ets distincts par des dessins plus amples et moins confus. Les bijoux d’acier que l’on fabrique actuellement n’atteignent pas tout le fini que l’on trouvait dans les ouvrages du xviii« siècle (boutons, gardes d’épée, chaînes de montre, etc.) ; mais il faut tenir compte de ce fait qu’aujourd’hui cette industrie, restée toute française, est soumise aux caprices de la mode et qu’en temps ordinaire sa production est forcément limitée, tandis (]ue, vienne la vogue, elle [irend une extension considérable et doit produire vite et à bon marché ; les moyens de fabrication se sont perfectionnés dans ce but. Pour obtenir la bijouterie et autres petits objets d’acier on se sert ou de fer malléable dont on trempe et on acière la surface, ou d’acier qu’on adoucit avant le travail et qu’on durcit par cémentation quand le bijou est terminé. Des laminoirs portant en creux l’empreinte des reliefs, et des matrices d’acier trempé sont les principaux outils de cette fabrication.

Les menus objets découpés dans des tôles de fer ou d’acier sont amenés à la forme voulue par estampage ; on ébarbe et on termine à la lime ou plus communément à la meule artificielle composée de deux parties essentielles, l’agglomérant et le mordant qui dans ce cas particulier est l’émeri de Naxos bien pulvérisé. On emploie surtout la meule pour obtenir les pointes de diamant. Il faut alors procéder au polissage afin d’arriver à l’éclat indispensable à cette fabrication. Pendant longtemps on se servait pour les parties saillantes de moules de bois et d’étain portant de l’émeri pulvérisé pour donner le premier poli et du rouge d’Angleterre i)0ur parachever. Les parties creuses se frottaient avec des brosses rudes trempées dans de l’émeri délayé à l’eau. Aujourd’hui on emploie le polissage mécanique plus rapide et surtout moins coûteux. Les objets à polir sont introduits dans un cylindre creux animé d’un mouvement de rotation peu rapide et contenant un mordant mélangé à de l’eau pour former une pâte molle. Le mordant employé est de l’émeri de Naxos ou de l’émeri corindon extrait des sables de Bretagne ou encore de la bauxite cuite au four Siemens et contenant 60 % d’alumine. Par une rotation prolongée et lente de 48 à 72 heures, les objets ont pris un assez beau poli ; on termine en lavant et en introduisant dans un autre cylindre contenant du rouge d’Angleterre. Dans la bijouterie d’acier les ouvriers se divisent en blantiers qui soudent et préparent les carcasses , en riveiirs qui couvrent ces carcasses de petites pointes à facettes d’acier poli, en monteurs qui assemblent toutes ces pièces, et en polisseurs. En 1878 on comptait près de 1,500 ouvriers occupés à cette fabrication avec une journée moyenne de 6 fr. 70 pour les hommes et de 3 fr. 20 pour les femmes par 10 heures de travail.

Bijouterie de fonte. — Les bijoux, les ornements et les autres articles de luxe obtenus par le moulage de la fonte de fer et désignés sous le nom de bijouterie en fonte de Berlin sont obtenus par des procédés qui n’ont rien de particulier et rcssortissent de la fonderie ordinaire ; ils se moulent en sable gras afin que les empreintes soient parfaitement nettes, que la fonte ne se fige pas trop promptement, qu’elle remplisse bien toutes les parties du moule, qu’elle ne devienne pas aigre et ne se fissure pas en se refroidissant. Il faut d’habiles mouleurs pour obtenir des arêtes de même vivacité que celles du modèle, ils commencent par saupoudrer le modèle avec la terre la plus fine de manière à le couvrir en entier, ils remplissent ensuite le châssis de terre ordinaire ou de sable de Fontenay-aux-Roscs auquel on a mélangé 1/8" de charbon, et noircissent à l’instant même les empreintes obtenues en les tenant au-dessus de la flamme d’un morceau de bois de pin dont la fumée se dépose sur le sable. Les moules sont desséchés si fortement qae frappés avec le doigt ils rendent un son très clair. Pour obtenir une grande netteté il faut chauffer le moule au moment de s’en servir, et couler le métal à une température fort élevée ; les fontes contenant une certaine proportion de phosphore prennent admirablement les empreintes. On a la précaution de détacher les jets lorsqu’ils sont encore rouges.

iMouLAGE d’objets POUR BIJOUX. — Un procédé de moulage dû à M. Karmarsch peut rendre des services aux bijoutiers dans la fabrication des bijoux dits de lantaisie ; il s’applique surtout à la décoration des broches et des cotlrets riches que le bijoutier peut avoir à garnir extérieurement. Les objets naturels, [liantes, insectes, etc., servent eux-mêmes de modèles ; voici comment il convient d’opérer : on suspend le modèle dans une petite caisse en bois ou en carton, et on l’y fixe à l’aide de quelques tours d’un fil fin en métal. D’autres fils d’un plus fort diamètre et qu’on retire plus tard, sont disposés, pour constituer les évents. Sur le point le plus élevé de l’objet, on pose une petite pièce de bois conique pour servir de canal de coulée lors du moulage, puis on remplit avec précaution la petite caisse avee une bouillie composée avec trois parties de plâtre, une de poussière très fine de brique et une solution d’alun ou de sel ammoniac, d’abord en enduisant la petite pièce conique, puis en coulant. Lorsque la bouillie est prise on enlève la caisse, on chauffe la forme modérément, ce qui réduit le modèle en cendres que l’on enlève en lavant l’intérieur avec du mercure, on chauffe la forme une seconde fois et l’on coule. Pour démouler, on mouille la