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BILBOQUET — BILDERS

position qu’on l’ait placée d’abord. On a souvent assimilé ii ce futile jouet les g(Mis de peu de valeur, intrigants, ambitieux et souples ; cette expression figurée se retrouve fréquemment dans Gui Patin. M’"" de Sévigné, Saint-Sunon, etc. Kn voici un exemple : « On dit que la Mancini, femme du duc de Merca-ur et nièce de Mazarin, est ici quelque part cachée dans un monastère, et le petit Mancini, son frère, chez le comte d’Ilarcourt ; s’il est vrai, il taut avouer que ces petits bilboquclx de la fortune sont bien maliieureux » (Gui-l*atin, Lettres). Ad. T. II. Théàtke. — Type théâtral, caricature scénique qui est devenue célèbre à l’égal de Janot, de Jocrisse et surtout de Hobert Macairc, avec lequel Bilboquet n’est pas sans avoir queiiiue point de ressemblance. C’est le principal personnage d’un grand vaudevdie, les Saltitnba >iiiues,qù Dumersan et Varin donnèrent aux Variétés le "lo janv. 1838, sous la qualification de parade, et qui, ou peut le dire, tit courir tout l’aris au théâtre du boulevard Montmartre. Bilboquet était le chef de cette troupe de saltindianijues si comiqiiement mise en scène par les auteurs, et non seulement il était amusant au possible, mais il constituait réellement un type, un véritable caractère scénique, remarquable par son allure débraillée, en quelque sorte cyni(]ue, dont le coté en apparence superliciel masquait les allures railleuses et satiriques. En ce point il touchait à la vraie comédie, et ceci, on le comprend, n’était pas sans aider à son succès. D’autre part, SI Jaiiot avait eu Volinges, si Jocrisse avait eu Brunet, si Robert Macaire avait eu Frédérik-Lemaltre, Bilboquet eut pour le personnifier un interprète hors ligne et qui semblait l’ait précisément pour le représenter aux yeux du public. Cet interprète, c’était Odry, Odry qui n’était point sans doute un grand comédien, un comédien de recherche et d’étude, mais que la nature avait doué pour certains rùles d’une fa( ;on merveilleuse, et qui s’identifiait cette fois de telle fagon avec le personnage que depuis lors on n’a jamais retrouvé le pareil. Odry dans Bilboquet, avec son costume inénarrable, avec son pantalon de cuirassier, son gilel immense, son carrick gris d’une forme invraisemblable, son chapeau monumental, sa baguette à la main, Odry débitant ses boniments à la foule ébahie, airachant les dents « sans douleur », et faisant tournoyer autour de lui cette bande de pitres et de saltimbanques miles et femelles : Gringalet, Sosthène, Zéphyrine, Atala, c’était tout un poème, un poème burlesque et d’une gaieté absolument irrésistible. Aussi, le nom d’Odry est-il resté à jamais inséparable de celui de Bilboquet, le comédien s’élant comme incarné dans le personnage auquel il avait prêté ses traits et son incomparable verve comique. — Un quart de siècle après la naissance de Bilboquet sur la scène des Variétés, deux hommes d’esprit, dont l’un était Edmond Texier, lui firent une seconde jeunesse en le transporiant du théâtre dans le livre et en en faisant le héros d’une épopée satirique, les Mémoires de Bilboquet, parodie des Mémoires d’un bourgeois de Paris de Véron, qui eut presque autant de succès qoe le vaudeville resté fameux de Dumersan et Varin. Les Mémoires de Bilbo- 5«^f furent publiés sous le couvert de l’anonyme (Paris, i8o8-o4, 3 vol. in-l"i). A. P.

III. Typographie. — On donne le nom de bilboquet aux ouvrages dits de ville, tels que cartes, factures, têtes de lettres, prospect s, circulaires, lettres de part, affiches à la main, bulletins de vote, etc. ; en un mot, à tout ce qui n’est pas labeur (V. ce mot), journal ou affiches. C’est généralement aux plus habiles typographes d’un atelier que ces travaux sont confiés, parce qu’ils offrent souvent des difficultés d’exécution qui exigent une longue pratique de l’art typogra()hique. En raison de l’impossibiliié de tarifer leur travail, ces ouvriers sont employés en conscience, c.-à-d. payés à l’heure. Leur salaire moyen à Pans est de 8 fr. pour une journée de 10 heures. — Depuis la loi du 29 juil. 1881 sur la presse, les bilboquets sont dispensés du dépùt légal. IV. Art militaire. — Espèce de mortier qui donna lieu à des essais, en 1795 et 1796, à Toulon et à Strasbourg,

V. Monnayage. — Pièce de fer en forme d’ovale très allongé dans laquelle l’ouvrier monnaycur ajuste le flan des monnaies.

BILCESCO (Nicolas) (V. Bai^cescu).

BILCHILDE (V. Théodedert).

BILD (Veit), mathématicien et musicien allemand de la première moitié du xvi" siècle. Il était chef de chœur à l’église Saint-Ulrich d’Augsbourg et il a inventé pour les observations astronomiques un instrument appelé Uorologia pedalia. L. S.

BILD. Ecrivain allemand, plus connu sous le nom de Bciitus Klienanus (V. Hhenanus).

BILDERDIJK (Willem), poète néerlandais, né à Amsterdam le 7 sept. 1756, mort à Harlem le 18déc. 1831. En 1795, lors de l’invasion de la Hollande par les armées françaises, l)ilderdijk, partisan déclaré de la maison d’Orange, dut quitter son pays ; il visita l’Allemagne et se fixa ensuite en Angleterre ou il fit des cours de littérature. En 1806 il revint en Hollande ; le roi Louis se l’attacha comme professeur de langue néerlandaise et lui fit une pension de 6,000 florins. Après l’abdication du roi Louis en 1810, la pension lut supprimée et Bilderdijk vécut pour ainsi dire dans la misère jusqu’en 1813. Après la révolution batave à laquelle il avait contribué par ses vers patrioti (iues, il fut pendant quelques mois auditeur militaire, puis il ouvrit à Leyde un cours d’histoire nationale. H passa les dernières années de sa vie à Harlem dans un isolement presque complet, son humeur déjà sombre devint tout à fait misanfhropique et ses dernières productions se ressentent singulièrement de cette disposition d’esprit. Les compatriotes de Bilderdijk le proclamèrent à juste titre le plus grand de leurs poètes ; on peut dire aussi qu’il en a été le plus fécond. On a de lui plus de cent ouvrages ; il a abordé tous les genres depuis l’épigramme jusqu’à la tragédie et l’épopée. — Voici la liste des publications les plus remarquables de Bilderdijk : Tijdkortingen {Amusements, l’778) ; Gedichten (Poésies, 1783), ce sont deux recueils de poésies fugitives ; Poëtische mengelingen (Mélanges poétiques, 1802). Ils se composent d’un poème didactique sur l’astronomie et de traductions d’Ossian ; Gedichteyi {Poèmes, 1803) ; ils contiennent entre autres une traduction de VHomme des champs de Delille ; Mengelingen (Mélanges, 1804) ; le Finqal d’Ossian y est entièrement traduit ; Nieuwe poëtische mengelingen (Nouveaux mélanges poétiques, 1806, 2 vol.). Ce sont des poésies sacrées, plus trois poèmes héroujues : Assanide ; Achille ; Cijrus ; on trouve encore dans ce même recueil : De Ziekte der geleerden (la Maladie des savants) ; Bilderdijk raconte spirituellement les tribulations auxquelles sont exposés les gens de lettres. — Treurspelen (Tragédies, 1808, 8 vol.). Ce sont des imitations de Corneille et de Racine ; le premier volume débute par une introduction magistrale sur la tragédie. — Winterbloemen ( h leurs d hiver, 1810). Ce recueil comprend notamment un Art poétique où le romantisme allemand est raillé avec beaucoup de verve et d’esprit. Des eersten werdd vernieling (Destruction du premier monde, 1815), poème épiciue considéré comme le chef-d’œuvre de Bilderdijk ; malheureusement les cinq premiers livres sont seuls aclievés. Ses œuvres poétiques ont été réunies sous ce titre : Dichtwerken (Haarlem, 1857-1860, 16 vol. in-8). Parmi les œuvres en prose du grand poète néerlandais , signalons une Grammaire raisonnéc de la langue hollandaise qui fait encore autorité aujourd’hui. E. H.

BiBL. : Van I^ampen, Gench. der nederl. Letter. — Collot d’I-Iscurv, Hollands Roem. — Dr Clercq. Gedenkzitil voor W. BUderdijh. — Gorter, liUderdijk ; Amsterdam, 1871.

BILDERS (Johannes-Warnardus), paysagiste hollandais, né à Utrechtle 18 août 1811, s’est lormé lui-même,