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Page:Berthelot - La grande encyclopédie - (1885-1902) - Tome3.djvu/946

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odeur forte, désagréable et une saveur acre, amère et nauseeuse. Il en est de même des souches des A. rotunda L., A. longa L. et A. pistolochia L., espèces de la région méditerranéenne, célèbres dans l’ancienne médecine, mais aujourd’hui à peu près complètement abandonnées. LA. serpentaria L., appelé vulgairementSerpentaire ou Couleuvrine de Virginie, est commun dans les forêts montueuses de l’Amérique du Nord, notamment dans la Virginie, dans la Caroline, la Louisiane, la Floride. Son rhizome vertical, chargé de nombreuses racines adventives, allongées, grêles, disposées en faisceau, constitue la Racine à serpents, préconisée en Amérique comme un remède souverain contre la morsure des Reptiles. L’A. anguicida L., des Antilles, l’A. cordiflora Mutis, de la Nouvelle-Grenade, et l’A. cymbifera Nact. et Zncc, du Brésil, ont, dit-on, les mêmes propriétés d’où leurs noms vulgaires de Arbre aux serpents, Herbe aux serpents, Mort aux serpents. L’A. cymbifera est également employé au Brésil, sous le nom de Mil-homens,contre les ulcères atoniques, les dyspepsies,les fièvres nerveuses et intermittentes et surtout dans te traitement de certaines affections typhoïdes.

VA. fragrantissima Ruiz, des

Andes Péruviennes, l’A. bilobata L., des Antilles, et Y A. indica L. ou Carelu-vagon de Rheede (Hort. malab., VIII, tab. 28), sont préconisées surtout comme emménasogues. L’A. bracteata Retz., espèce de l’Inde, qui croit également en Perse, en Arabie, en Abyssinie, dans l’Afrique centrale, etc., est YAdatinapalé des Indiens (V. ce mot). L’A. grandijlora Sw., des Antilles et du Guatemala, est appelé vulgairementgrande Aristoloche et Tue-cochon (Poisoned hogmant), parce que ses feuilles, très vénéneuses, empoisonnent les animaux domestiques, surtout les porcs. Ses fleurs exhalent une odeur nauséabonde. A la Nouvelle-Grenade,les grandesfleurs de VA. clypeata Mart servent de coiffureaux naturels. VA sipho Lhérit., que rafinesque a pris pour type de son genre Siphisia, croit dans les forêts de l’Amérique du Nord, en Pensylvanie, dans le Kentucky et jusqu’au sud de la Géorgie. On le cultive fréquemment en Europe, dans les jardins, pour garnir les tonnelles, les grillages ou les murailles. C’est un arbuste volubile, à larges feuilles cordiformes ; le périanthe, recourbé en forme de pipe, est verdâtre en dehors, d’un pourpre noirâtre en dedans ; son limbe est arrondi et trilobé, lavé de jaune et de pourpre noir. On cultive également en Europe, mais dans les terres chaudes, l’A. triloba L., l’A. anguicida L., l’A. graaadi/lora Sw. et l’A. picta lfasst. Cette dernière espèce, originaire des environs de Caracas, dans le Venezuela, est remarquable par ses feuilles oblongues, profondément échancrées en cœur et pourvues de deux oreillcttes arrondies, et par ses fleurs longues de huit à dix centim., dont le limbe étalé et muni d’une sorte d’écusson d’un jaune d’or est entouré d’un fond d’azur à nuance pourprée, sur lequel se dessine un élégant réseau doré à reflets métalliques. Ed. LEF .

II. PHYSIOLOGIE ET THÉRAPEUTIQUE.

Nous ne saurions passer ici en revue chacune des espèces connues d’Aristoloche, en répétant tout ce qui a pu être dit de l’action physiologique de chacune. A vrai dire, cette action n’a guère été étudiée d’une façon scientifique, et les connaissances que nous possédons à cet égard sont tout à fait empiriques reposant sur des traditions d’outre-mer souvent et non sur des expériences. Indiquons cependant les principaux faits. L’A. anguicida parait renfermer dans sa racine un jus toxique qui, non seulement tuerait les serpents, mais servirait encore au traitement de diverses affections génitales. On ne sait quelle créance accorder à l’action antihystérique de l’A. antihysterica. L’A. bilobata parait jouir de propriétés emménagogues, et stimuler les contractions utérines. -A. bracteata, racine à suc amer ; feuilles purgatives et vermifuges ; employées aussi contre la gale. A. clematitis. Dioscoridefaisaitde cette espècel’une deses trois espècesd’ 'Apvnooya,e parce qu’elle est apiazT) taiç Xo^o’-s, c. -à -d., très bonne aux nouvelles accouchées, comme qui tire hors les menstrues, arrestez et retenus, l’arrière faiz et autres reliques de superfluité qui demeurent après l’enfantement » selon les expressions de Fuchs. On a accordé à cette Aristoloche des propriétésfabuleuses aux temps passés et actuellement on ne l’emploie guère. On la regarde cependant dans les campagnes comme facilitant l’accouchement ; d’après Orfila, elle excite la muqueuse digestive et stupéfie le système nerveux. En Russie elle passe pour fébrifuge en Angleterre pour antigoutteuse,antirhumatismale.En somme, médicament peu connu à étudier.

A. cordiifolia Suc

souverain contre la morsure des serpents,d’après les Indiens. A. cymbifera : S’emploie au Brésil contre beaucoup de maux différents, et contre la morsure des serpents. A. fœtida S’emploie au Mexique pour guérir les ulcères. A. fragrantissima Serait apte à guérir tous les maux, semble-t-il, mais n’a pas été expérimentée en Europe. A. grandiflora Fleurs à odeur de charogne, feuilles très vénéneuses.

A. serpentaria :Fournit la « racine à serperits classique, et sert de remède contre des affections si nombreuses et si variées que l’on pourrait se croire en présence de la panacée universelle. Son action stimulante seule parait bien établie (Delioux de Savignac). Nous ne parlerons pas des autres Aristoloches. 11 n’y a rien de précis sur leur action ; ce que l’on en rapporte dans la plupart des traités est emprunté à des traditions, et ne repose pas sur l’expérimentation.

H.deV.

BIBL. BAILLON, Article Aristoloche du DM. encycl. des sc.médicales.

III. PALÉONTOLOGIE.

Le nom d’Aristolochia a été

donné à des feuilles de végétaux fossiles qui rappellent, par leur forme générale et par leur nervation, les feuilles de certaines espèces d’Aristolochia de la flore actuelle. L’A. dentala Heer est une espèce du crétacé supérieur de Tekamah (Debraska) dont les feuilles peltées sont comparables à celles de l’Aristolochia peltata Lin. VA. OEningensis Heer, des couches tertiaires d’OEningen, est connu par son fruit qui rappelle celui de l’Aristolochia longa L. Les lignites de Rott, près de Bonn, renferment Y Aristolocliia serrata Schimp, et Y Aristolocliia primaœva Web

que l’on a cru devoir rapprocher,

par ses feuilles, de Y AristolocliiaPistolochia L. Louis Crié.


AR1STOLOCHIACÉES (Aristolochiaceœ Lindl.) . Les plantesDicotylédones, qui composentcette famille, sont des herbes ou des arbustes à tiges et à rameaux souvent volubiles, à feuilles alternes, simples, parfois accompagnées de deux grandes stipules, se soudant en une seule de l’autre côté de la tige. Les fleurs, hermaphrodites,ont Âristolochia sypto L.