Page:Berthelot - Les mystères de Montréal, 1898.djvu/106

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
105

III

OÙ BÉNONI EST RICHE.


Bénoni suivit des yeux Cléophas qui descendit la côte et tourna le coin de la rue Ontario.

Il resta longtemps immobile. Sa tête penchée semblait chargée de profondes réflexions.

Son cerveau était un chaos.

Il s’agissait pour lui de prendre une décision hâtive.

Bénoni se disait : Pourquoi Cléophas n’avait-il pas déterré son trésor s’il se trouvait à l’endroit qu’il venait d’examiner. Sans doute parce que ce trésor était trop lourd.

Que faire ? Attendre la faveur de la nuit pour escamoter les richesses enfouies dans le cimetière.

Non, Cléophas pouvait arriver avant lui et les lui enlever.

Bénoni prit une détermination subite.

Il alla chez un forgeron et lui escamota un pic. Il retourna au cimetière des soldats et se mit à creuser la terre durcie par la gelée précisément à l’endroit où il avait vu Cléophas.

Après avoir travaillé pendant une dizaine de minutes, son pic toucha un corps solide.

C’était le coffre contenant les trésors de la famille des Bouctouche.

Ayant déblayé la terre autour de la boîte, il en fit sauter le couvercle avec son pic.

L’or et les pierres précieuses apparurent à ses yeux éblouis.

Il soupesa le coffret, il était trop lourd pour pouvoir être transporté à bras.

Il lui fallait aller chercher un charretier.

Il pensa au père Sansfaçon qui devait être en train de cuver son whiskey après son dîner.

Il emplit ses poches de pièces d’or, et après avoir recouvert le coffret avec un peu de terre, il se rendit au pas accéléré chez son vieil ami.

Le père Sansfaçon prêta son agrès à Bénoni.

Celui-ci retourna au cimetière et quelques minutes plus tard il était en possession des richesses volées à la famille des Bouctouche.

Notre coquin fouetta la vieille rosse du père Sansfaçon qui remonta le chemin Papineau.

Où Bénoni allait-il ? Il ne le savait pas.