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— Oui, la police qui vous poursuit dans vos rêves. La police qui tourmente le sommeil du coupable. Lorsque je suis entré chez vous, vous étiez couché sur le banc-lit. Je vous ai secoué pour vous réveiller et votre premier cri a été la police ! la police !

— C’est-y possible ! que vais-je devenir ! Je vous jure ma grande conscience du bon Dieu que je ne suis pas coupable.

— Si vous êtes réellement innocent vous allez suivre mon avis et je promets que vous ne serez pas inquiété. C’est moi-même qui ai déposé une plainte contre vous. Je crois à votre innocence, mais je suis convaincu que vous êtes capable de me livrer le voleur. Je retirerai ma plainte au cas où vous me ferez des aveux complets.

— Je vous dirai tout ce que je sais, mais je vous garantis que c’est pas grand’chose.

Le vieux charretier reprit son siège et fit à Caraquette une confession de tout ce qui s’était passé chez lui. Il nia énergiquement que Bénoni eut déposé de l’argent dans sa maison. Bénoni avait fait des dépenses extravagantes et payait toujours avec de l’or. Il n’avait pas travaillé depuis sa sortie de prison et l’origine de sa fortune semblait assez mystérieuse.

L’homme au chapeau de castor gris tenait les informations qu’il désirait depuis si longtemps.

Il ne lui restait plus qu’à pincer le coquin, chose qui serait facile avec l’aide des détectives.

Caraquette ajouta foi aux paroles du vieux charretier qui lui avait dit que le coffret volé n’était pas dans sa maison.

En faisant une hypothèse des plus plausibles, le trésor caché ne devait pas être bien loin, et Bénoni ne tarderait pas à faire un tour dans les environs afin de regarnir son gousset avec les pièces du coffret.

Caraquette sortit de la cuisine avec le vieux charretier. Il causa quelques instants avec la famille, et s’emmitouflant de manière à ne pas être reconnu sur la rue, il sortit de la maison.

L’homme au chapeau de castor gris s’était décidé à faire le guet dans l’écurie du père Sansfaçon afin d’attendre le voleur toute la nuit s’il le fallait. Il était alors onze heures, et comme le père Sansfaçon ne devait pas rouler cette nuit-là, Caraquette s’étala dans la sleigh du vieux charretier. Il était masqué par le siège de devant qui était beaucoup plus élevé que celui de l’arrière.

Il prêtait l’oreille au moindre bruit. Bénoni ne pouvait entrer dans la cour sans qu’il le vit par l’entrebâillement de la porte de l’écurie.