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VII

Cléophas devant le Recorder.


Cléophas, affaibli par la lutte désavantageuse dans laquelle il s’était engagé, resta sur le terrain et fut empoigné par le policeman qui le conduisit à la station de la rue Ontario.

Là, il résista du mieux qu’il put, et déchira une partie de l’uniforme du constable.

Celui-ci le maîtrisa par quelques coups de bâton vigoureusement appliqués et l’envoya rouler dans une des cellules.

Cléophas, la figure toute contusionnée par les coups de poing de Bénoni, et ses habillements maculés par le sang qu’il avait perdu abondamment, était dans la cellule depuis une dizaine de minutes, lorsque le sergent de la station rentra avec les constables qui l’avaient accompagné dans une patrouille.

Le sergent, en voyant le prisonnier, ordonna à l’homme de garde de le faire sortir et comparaître devant son pupitre.

Le sergent commença l’interrogatoire pendant qu’un constable écrivait les réponses sous sa dictée ?

— Comment vous appelez-vous ?

— Cléophas Plouf.

— Quel âge avez-vous ?

— Quarante ans.

— De quelle religion êtes-vous ?

— De la bonne.

— Bon, mettez catholique.

— Quelle est votre occupation ?

— Conducteur de petits chars.

— Êtes-vous marié ou garçon ?

— Marié, malheureusement.

Puis s’adressant au constable qui avait opéré l’arrestation :

— Quelle est votre plainte contre le prisonnier ?

— Il était soûl et se battait avec un bommeur du nom de Bénoni dans une ruelle près de la rue Sherbrooke. L’autre m’a échappé. Je sais où il demeure et je prendrai un warrant ce matin à la cour du recorder.

Le sergent dit ensuite à Cléophas :

— Levez les deux bras en l’air.