Aller au contenu

Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
74
LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE

lui étaient communes avec la magie. Le nom même de l’Alchimie figure pour la première fois dans un traité astrologique de Julius Firmicus, écrivain du ive siècle de notre ère, dont la conformité générale avec Manilius est bien connue[1] : « Si c’est la maison de Mercure, elle donne l’astronomie ; celle de Vénus annonce les chants et la joie ; celle de Mars, les armes… celle de Jupiter, le culte divin et la science des lois ; celle de Saturne, la science de l’alchimie. » L’adjonction de la préfixe al est suspecte et due sans doute à un copiste ; mais l’existence du nom même de la chimie dans Firmicus n’a pas été révoquée en doute. Le patronage de Saturne rappelle à la fois le plomb, qui lui est dédié, et Osiris, synonyme du plomb, et dont le tombeau était l’emblème de la chimie, d’après Olympiodore (p. 32). Julius Firmicus reproduit ailleurs l’un des axiomes favoris du pseudo-Démocrite et de ses commentateurs[2] : « La nature est vaincue par la nature ». Julius Firmicus nous reporte au temps de Zosime, ou plutôt de ses premiers successeurs.

Un texte très explicite se lit dans le Théophraste d’Énée de Gaza, dialogue relatif à la résurrection des morts, et qui constitue avec Pline et Manilius, en dehors des papyrus et des manuscrits alchimiques bien entendu, le plus ancien document précis, de date certaine, où il soit question de la transmutation des métaux. Énée de Gaza était un philosophe néoplatonicien du ve siècle, élève d’Hiéroclès, et qui se con-

  1. Julius Firmicus, III, 15, in nono loco.
  2. Natura aliâ à naturâ vincitur, livre IV, ch. xvi.