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Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/14

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VI
LES ORIGINES DE L'ALCHIMIE


réussi à concilier avec le sentiment non moins impératif de la liberté humaine. En tout cas l’univers matériel entier est revendiqué par la science, et personne n’ose plus résister en face à cette revendication. La notion du miracle et du surnaturel s’est évanouie comme un vain mirage, un préjugé suranné.

Il n’en a pas toujours été ainsi ; cette conception purement rationnelle n’est apparue qu’au temps des Grecs ; elle ne s’est généralisée que chez les peuples européens, et seulement depuis le xviiie siècle. Même de nos jours, bien des esprits éclairés demeurent engagés dans les liens du spiritisme et du magnétisme animal.

Aux débuts de la civilisation, toute connaissance affectait une forme religieuse et mystique. Toute action était attribuée aux dieux, identifiés avec les astres, avec les grands phénomènes célestes et terrestres, avec toutes les forces naturelles. Nul alors n’eut osé accomplir une œuvre politique, militaire, médicale, industrielle, sans recourir à la formule sacrée, destinée à concilier la bonne volonté des puissances mystérieuses qui gouvernaient l’univers. Les opérations réfléchies et rationnelles ne venaient qu’ensuite, toujours étroitement subordonnées.

Cependant ceux qui accomplissaient l’œuvre elle-même ne tardèrent pas à s’apercevoir que celle-ci se