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Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/55

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SOURCES ÉGYPTIENNES

était conforme à la politique connue des empereurs romains. Il existe dans le droit romain une série de lois sur ce point, lois citées plus haut (page 14). Or l’alchimie, nous l’avons déjà dit, était une science occulte, congénère de la magie. Ainsi le manuscrit grec 2.419 de la Bibliothèque nationale contient, à côté de très vieux traités astrologiques de Petosiris[1], auteur égyptien déjà connu d’Aristophane, des formules magiques et des œuvres alchimiques. On retrouve pareillement dans les papyrus thébains du iiie siècle de notre ère, les écrits magiques, astrologiques et alchlimiques associés, comme on le voit au musée de Leide[2].

Non seulement les adeptes identifient leur science, « l’art sacré par excellence » avec les doctrines de l’ancienne Égypte ; mais le nom même de la chimie a été rattaché par plusieurs, par Champollion notamment [3], à celui de l’Égypte, Chemi, mot que les Hébreux ont traduit par terre de Cham. J’ai rapproché plus haut (page 10) le titre de l’ouvrage fondamental Chêma, cité par Zosime, de celui du vieux livre Chemi, qui semble aussi rappeler le nom de l'Égypte. Cette étymologie est restée vraisemblable, à côté de celle qui tire le nom de chimie du grec cheuô, foudre : d’où chymos, chyme, et les mots congénères[4].

  1. Petosiridis, Mathematici ad regem Nechepso, fol. 82. Pline associe aussi des deux noms propres.
  2. Reuvens, 3e lettre à M. Letronne, p. 65.
  3. Id., p. 69. M. Maspero partage cette opinion, ainsi que le savant Hoffmens, de Kiel.
  4. Thesaurus de Henri Estienne, édit. Didot ; articles chymia et chimeia. — On peut comparer l'article de M. Gildemeister, dans le Journal de la société orientale allemande, 1876.