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Page:Berthelot - Les origines de l'alchimie, 1885.djvu/95

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SOURCES GNOSTIQUES

Êpiméthée sont cités et regardés comme exprimant en langage allégorique l’âme et le corps.

Nous trouvons pareillement dans les Geoponica une recette attribuée à Démocrite et où figure le nom d’Adam, destiné à écarter les serpents d’un pigeonnier. Sous une forme plus grossière, c’est toujours le même ordre de superstitions.

Un tel mélange des mythes grecs, juifs et chrétiens est caractéristique. Les Séthiens, secte gnostique, associaient de même les mystères orphiques et les notions bibliques[1]. Nos auteurs alchimiques ne manquent pas davantage de s’appuyer de l’autorité des livres hébraïques ; et cela à la façon des premiers apologistes chrétiens, c’est-à-dire en les joignant à Hermès, à Orphée[2], à Hésiode, à Aratus[3], aux philosophes, aux maîtres de la sagesse antique.

Ce langage, ces signes, ces symboles nous replacent au milieu du syncrétisme compréhensif, bien connu dans l’histoire, où les croyances et les cosmogonies de l’Orient se confondaient à la fois entre elles et avec l’hellénisme et le christianisme. Les hymnes gnostiques de Synésius, qui est à la fois un philosophe et un évêque, un savant et un alchimiste, montrent le même assemblage.

Or, le gnosticisme a joué un grand rôle dans tout l’Orient et spécialement à Alexandrie, au iie siècle de notre ère[4] ; mais son influence générale n’a guère

  1. Renan, VII, 135.
  2. Ms. 2.327, fol. 262.
  3. Ms. 2.327, fol. 256 et fol. 93.
  4. Renan. Histoire des origines du christianisme, t. VI, p. 139.
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